Les genres textuels dans l’enseignement

 



Le genre textuel occupe une place importante dans l’analyse des productions textuelles. Son rôle dans l’enseignement et l’apprentissage est central car l’écriture y est vue comme un moyen de communication. Ainsi, les textes représentent la base de l’enseignement et ils y peuvent y être utilisés de deux manières :

 

-        Comme objet ;

-        Comme outil.

 

Notez bien que pour rédiger cet article, nous nous sommes basés sur un texte de Dolz, Gagnon & Vuillet (2011) qui explique les genres textuels et leur utilité dans l’enseignement. Afin d’alléger notre propre production, nous avons fait le choix de ne le citer qu’une seule fois, ici-même.

 

Mais un genre textuel, c’est quoi au fait ?

 

C’est simplement un ensemble de textes qu’on regroupe selon leurs caractéristiques communes en fonction de leur visée. Par exemple, sous les textes qui racontent, on retrouvera les contes ou les romans. Sous les textes qui règles des comportements, on trouvera les recettes de cuisine ou les règles de jeu.

 

Pourquoi les textes et plus largement la langue, sont-ils vus comme des objets ?

 

Les textes se transmettent par deux canaux :

 

-        oral (échanges verbaux) ;

-        écrit ou avec un style littéraire (textes, discours littéraires, scientifiques ou idéologiques, échange culturel…).

 

Ces deux types de transmission sont toujours en interaction. Or l’apparition du style littéraire chez l’enfant est le point de départ d’un long processus de restructuration qui à terme va produire une révolution de ses capacités langagières. En d’autres termes, les élèves vont devoir apprendre à utiliser cet « objet » qu’est la langue.

 

Les textes vont se regrouper selon différents critères communs qui seront appelés « genres textuels ».

 

Prenons l’exemple d’une comptine :

 

Flic, Flac, Floc

 

Flic flac floc Flic flac floc

J'entends la pluie qui clapote

Mets vite tes jolies bottes

Sautons ensemble dans l'eau

Tu verras c'est très rigolo

plif plaf plouf!

 

Flic flac floc Flic flac floc

C'est la chanson de la pluie

Prends vite ton parapluie

Fais-le tourner rapidement

Tu verras c'est très amusant !

fllou fllllou fllllou!

 

Flic Flac floc Flic flac floc

Il faut maintenant rentrer

Avant d'être trop mouillé

Il ne faudrait pas prendre froid

Viens donc vite au chaud chez moi.

ATCHOUM !

 

(Le monde des Titounis (s.d.)

 

On y retrouve les éléments qui définissent le genre textuel de la chanson ou du poème grâce à divers jeux autour de la langue qui ont pour visée d’explorer le langage. Mais la comptine est différente du fait de la simplicité du texte et du public ciblé. En effet, comme elle s’adresse aux jeunes enfants, on y retrouvera des mots et des sons simples ainsi que des onomatopées (flic flac floc). Elle pourra être chantée (Dodo, l’enfant do) ou récitée (Am Stram Gram). Le rythme y tiendra également une place importante.

 

Donc on utilise les genres textuels comme des outils ?

 

Eh oui, le genre est un « méga outil didactique » !

 

Il va permettre d’agir dans des situations langagières. Il peut être tout à la fois :

 

-        un outil culturel en servant de médiateur dans les interactions individus-objets ;

-        un outil didactique en permettant l’articulation entre les pratiques sociales et les objectifs scolaires ;

-        un outil d’enseignement en fixant les significations sociales des activités langagières.

 

à Le genre permet à l’apprenant d’avoir accès à certaines significations qui contribuent à accroitre ses capacités langagières.

 

 

Du point de vue de l’enseignant, comment peut-il faciliter la mise en contact de ses élèves avec la langue ?

 

Tout simplement en se servant des genres comme « facilitateur de l’enseignement de la production textuelle » !

 

Il y a 3 critères de regroupements des genres : les finalités sociales, les typologies et les capacités langagières impliquées.

 

Regroupements de genres
(Dolz, Schnewly & Noverraz, 2001)

Domaines sociaux de communication

Typologies

Exemples

Culture littéraire fictionnelle

Narrer, univers de fiction

Conte, fable, légende, récit d’aventure, …

Documentation et mémorisation d’actions humaines

Relater

Récit de vie, de voyage, …

Discussion problèmes sociaux controversés

Argumenter

Texte d’opinion, dialogue, débats, …

Transmission et construction de savoirs

Exposer

Conférence, articles, interview, …

Instructions et prescription

Décrire des actions

Notice, recette, mode d’emploi, …

 

Pour l’enseignant, l’organisation des textes en genres textuels lui permettra donc d’avoir un référentiel pour évaluer la pertinence et le sens du texte dans les apprentissages qu’il aura préalablement fixé. En outre, cela lui offrira un gain de temps non négligeable pour choisir les textes qu’il soumettra à ses élèves. D’ailleurs, dans le plan d’étude roman (PER 2010), les regroupements de genre sont massivement utilisés pour organiser les apprentissages de français.

 

Ainsi, un enseignant qui souhaiterait introduire et travailler la notion du passé simple, pourra utiliser les contes pour permettre à ses élèves de réaliser cet objectif.

 

La comptine, quant à elle représente une formidable occasion de proposer des situations d’apprentissage variées aux élèves. Ses visées pourraient être :

 

-        - développement du langage (apprendre de nouveaux mots) ;

-        - développement des structures langagières (rimes, structure de la phrase) ;

-        - développement moteur (mimer les paroles avec les mains, taper dans les mains) ;

-        - apprentissage des chiffres (1km à pied, ça use, ça use…).

 

Parfois elle servira également à transmettre des informations et régler les comportements. Elle deviendra alors outil de médiation. Dans l’exemple Flic Flac Floc, le jeune enfant va percevoir que si la pluie est amusante, il est nécessaire de s’équiper adéquatement (bottes, parapluie) et de rentrer avant d’être mouillé.

 

 

Le modèle didactique du genre textuel

Le modèle didactique des genres est un outil fondamental afin d’organiser l’enseignement de la production textuelle par les genres. C’est une description provisoire des principales caractéristiques d’un genre. L’élaboration d’un modèle didactique d’un genre implique la prise en compte de plusieurs dimensions : les savoirs de référence à mobiliser, la description des différentes composantes textuelles spécifiques et les capacités langagières qui concernent l’élève.

 

Ce modèle oriente les pratiques d’enseignement c’est pourquoi la description doit toujours présenter un caractère opérationnel.

 

Le modèle didactique du genre (Dolz, Gagnon & Vuillet (2011), p. 54) :



Le mot de la fin

 

Comme nous avons pu le voir, les genres textuels sont soumis à des normes finalement très strictes. Et cela crée une attente vis-à-vis du lecteur. Lorsqu’on choisit une comptine, on s’attend à lire un texte relativement simple, accessible aux enfants avec éventuellement un message caché. « A la pêche aux moules » par exemple, met en garde les jeunes filles contre les garçons de la ville aux mœurs plus légères. Quand on achète un roman policier dans une librairie, on ne s’attend pas à y retrouver des traces humoristiques ou un style théâtral.

 

En d’autres termes, les genres textuels existent parce que les lecteurs les reconnaissent et recherchent leurs visées.

 

Nous nous demandons toutefois si ce conformisme qu’apporte les genres textuels ne nuit pas à la créativité des auteurs. Et s’ils ne contribuent pas, bien malgré eux, à nuire à l’originalité des œuvres littéraires et à la richesse de notre langue. Et vous, qu’en pensez-vous ? A vos claviers !

 

 

 

 

Sources :

 

Aubert, F. & Messeiller, C. (2014). Français-Grammaire. Texte et Langue. Aide-mémoire, savoirs grammaticaux et ressources théoriques pour les élèves du cycle 2. CIIP, Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin.

 

Balma, P.-A., & Roduit, P. (2014). Français-Grammaire. Texte et Langue. Aide-mémoire, savoirs grammaticaux et ressources théoriques pour les élèves du cycle 3. CIIP, Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin.

 

CIIP (2003). Déclaration de la Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin relative aux finalités et objectifs de l’école publique. Récupéré de https://www.plandetudes.ch/web/guest/pg2-declaration 

 

Dolz, J., Gagnon, R., & Vuillet, Y. (2011). Les genres textuels comme unité de travail. In Université de Genève Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (Eds.), Production écrite et difficultés d’apprentissage (pp. 41-54). Université de Genève Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.

 

Dolz, Schnewly & Norrerraz. (2001). In Université de Genève Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (Eds.), Production écrite et difficultés d’apprentissage
(pp. 41-54). Université de Genève Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.

 

Minimall Le Mag. (s.d.). Comptines pour bébé : les paroles, les bienfaits, notre top 10 !. [Article de blog], consulté le 12 octobre 2021. https://www.minimall.fr/meilleures-comptines-bebe-paroles-bienfaits/


Commentaires

  1. J’ai aimé lire votre blog, car la mise en plage de la publication est très claire et agréable à lire. Les explications sont claires et pourraient être utilisées en classe pour parler des genres textuels. Par contre, la définition du genre textuel me semble un peu floue et difficile à comprendre. Je suppose que la comptine prise comme exemple est votre texte de base, et le lien est ainsi très bien fait, entre votre texte (la comptine) et le texte choisi (le texte des genres textuels). Le tableau pour classer les différents genres selon les domaines sociaux de communication et selon les capacités langagières me paraît très clair et compréhensible, mais il aurait peut-être fallu l’introduire différemment, car je ne vois pas de lien concret avec ce que vous avez écrit. Le lien avec l’enseignement est également très bien fait et peut donner des pistes pour un stagiaire/enseignant. Les sources sont très bien données, et cela est très intéressant d’avoir été également chercher dans d’autres sources, et non seulement le texte donné par l’école.
    Cédrine Rytz 1.5 F

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  2. Bravo pour votre blog ! Il est plaisant à lire. Les textes sont clairs et aérés.
    J'ai choisi de commenter cet article car nous l'avons aussi utilisé pour la rédaction de notre blog. Il est intéressant de voir les différences dans les explications. Le tableau pour expliquer les différentes typologies est clair et c'est une bonne idée d'y avoir insérer des exemples, dans un but de faciliter la compréhension.
    Si je peux vous donner un point à améliorer, ce serait d'intégrer l'écriture inclusive dans vos articles.
    Vous soulevez une question intéressante à la fin de votre article, à savoir : Est-ce que les genres textuels nuisent à la créativité des auteurs ? Je pense que non... Pour moi, il est important que le genre textuel corresponde au texte, sinon il n'y a plus de sens. Est-ce qu'un récit d'aventure écrit sous une forme de recette aurait encore du sens ? On veut souvent tout moderniser, mais est-ce réellement mieux ?
    Sylvie Menoud 1.2 F

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  3. Premièrement bravo pour le visuel de votre blog. Il donne envie aux lecteurs et lectrices d'en apprendre plus. L'apport d'images et de schémas dynamise l'ensemble pour une lecture plus agréable. Un point positif est le fait que vous partez de l'explication de ce qu'est un genre textuel puis vous donnez des exemples ce qui facilite aussi grandement la compréhension. Dans les exemples, vous n'utilisez pas que votre texte mais vous aller chercher plus loin ce qui est intéressant pour la personne qui lit le blog.
    Un petit point à améliorer aurait été d'écrire peut-être un petit bout en Allemand afin que la publication soit accessible à tout le monde.
    Le fait que vous terminiez l'article par une question permet aux lecteurs.rices de pousser la réflexion sur le sujet, et donc c'est une nouvelle fois un point positif. Encore bravo, j'ai eu beaucoup de plaisir à lire votre article.
    Romane Vonlanthen 1.4F

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